Biographie de Catherine Perbost

CBost, artiste peintre d’art brut expressionniste

CBost portrait - Noir et blanc - © Laurent Dalverny - 06
CBost - Portrait photo - 05

Catherine Perbost naît en 1959 aux portes du désert, à Niamey, au Niger.

Dès son enfance, l’Art fut d’abord pour elle une histoire familiale de musique : trois  frères : Laurent, Gérard et Arsène, instrumentistes, auteurs, compositeurs, interprètes. Très tôt, elle quitte l’école pour se consacrer elle-même à son piano, à l’écriture et à la composition de chansons.

Ainsi, en 1977, elle s’accompagne d’un groupe de musiciens et commence, dans la région lyonnaise, à multiplier concerts, festivals et concours. 

Dans les années 80, au festival Brassens de Sète, sa rencontre avec Michel Jonas et Richard Bohringer la convainc un peu plus de l’évidence de son avenir de chanteuse, tout comme sa participation au concours de chant de Vassivière sous le parrainage de Catherine Ribeiro où elle truste les prix. 

Son talent reconnu l’amène dans la sélection française de l’Eurovision 1986.

Montée à Paris en 1989 ses cassettes audio en poche, elle signe un contrat à la Warner. Elle y travaille  sa voix en studio et arrange ses compositions personnelles. Confiée par son directeur artistique à un arrangeur, elle s’épuise auprès de lui et se perd dans un long façonnage commercial. Aussi, suivant sa nature indépendante, insoumise et déterminée, au bout d’un an, elle rompt avec WEA music. Elle rejoint alors en 1992 un autre studio d’enregistrement à Mâcon. Elle y commence l’enregistrement de son premier disque qui en restera au stade de maquette à la suite d’un grave évènement familial qui la force à abandonner ce projet enthousiasmant et cette voie prometteuse et exaltante.

Accablée par cette catastrophe, harassée par cette si longue lutte dans la course au succès, en grande solitude, elle entre alors pour 4 ans dans une terrible dépression, qui l’amènera jusqu’à une éprouvante cure psychiatrique. Durant cette longue réadaptation, travaillant comme aide-soignante, sa nature d’artiste finit par prendre le dessus. 

Elle  réapprend alors à se confier au secret d’un atelier où son chant perdu se transmute passionnément en la création d’innombrables œuvres plastiques. Clandestine.

En se rappelant la belle image de Kandinsky, le peintre-mélomane, on pourrait dire que pour Cbost, « la couleur devenait le clavier de son chant ». En effet, si elle aime à modeler l’argile depuis sa jeunesse, elle travaille alors assidument peintures, sculptures, mosaïques, fresques, céramiques, collages, broderies de fils, coutures de plastiques, s’inventant même une forme de création unique : la « Plastikouture ». Privée de sa voix, ses mains de couleurs et de surprises la révèleront ainsi véritable plasticienne.

« Je peins, je couds, je colle, je trouve »

Rapidement, dessin et peinture l’accaparent. Toutefois béotienne, elle pense nécessaire d’apprendre à se former auprès de « ceux qui savent ».

Elle ignore les Beaux-Arts et au hasard, se confie, en 1999, aux écoles parisiennes d’arts appliqués Boulle et Duperré. Là, au delà des acquisitions culturelles et techniques qu’elle espérait, elle va se découvrir artiste peintre singulière.                                                                                                                      

En effet, face à son travail un de ses professeurs, le peintre Jean-Claude Arnaud, comprend rapidement son originalité et son talent : « Vous êtes une inclassable. Ce n’est pas une place confortable mais vous y gagnerez l’estime des peintres ».                                                      

Libérée par ces mots, elle se projette alors totalement dans l’abandon de l’Art Brut, forte de son imaginaire bouillonnant et de sa personnalité rebelle. 

« L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a fait pour lui » écrivait Jean Dubuffet.  

Ainsi, s’ouvrait pour elle un monde personnel jaillissant de lumières, de façon d’écriture, de rythmes, de matériaux, où l’œil prime sur la raison. Son style expressif, loin de la sécurité du conventionnel, dans un vocabulaire primitif, la révélait pour toujours CBost.

De retour de Paris, elle ouvre son atelier à  Aubenas en Ardèche.

Elle y affirme infatigablement une peinture vivante et déroutante qu’elle nourrira en particulier des carnets de dessins de ses nombreux voyages à l’étranger. En effet, elle se cherchera du désert de Tamanrasset à la démesure des États-Unis. Elle arpentera l’Afrique noire, l’Afrique du nord, l’Europe, dont l’Italie et l’Espagne qui sont ses pays de cœur. Au-delà de sa peinture, éprise aussi de danse, elle choisira même d’aller à Cuba pour s’enivrer de salsa. La danse qui la passionne est aussi un outil de sa création.

De 2007 à 2012, elle multiple les expositions dans son département et de la Fondation Carzou de Manosque à la galerie Thuillier à Paris et au « Salon Art Capital » du Grand Palais en 2010. Toutefois, isolée en Ardèche, sans entregents pour dépassait ses contingences, en 2014, elle confie sa peinture aux galeries d’Art « Carré d’Artistes ». Ainsi après plusieurs expositions en France : Lille, Toulouse, Aix-en-Provence, Brest… , elle expose à nouveau à Paris, à Montmartre puis sur l’Île Saint-Louis.

Pour son bonheur, en 2017 et 2018, elle peut même exposer son travail à l’étranger, à New York, Amsterdam, La Haye, où elle réalise que sa peinture pouvait toucher de nombreux amateurs internationaux. Cependant, lassée de la contrainte des seuls formats carrés – propres aux galeries Carré d’Artistes -, elle décide de reprendre sa liberté de création boulimique. Utilisant les réseaux sociaux et créant son site web, elle se met alors à montrer librement ses œuvres.   

Ma peinture est mon journal intime

Ainsi, loin des conventions homologuées, mais forte de toute son énergie vitale et artistique, CBost s’est mise à peindre dans l’immédiateté et la spontanéité, sa réalité, ses impulsions, ses violences internes, son âme et son cœur.

 Or, si l’on s’attache à la caractérisation de l’artiste d’art brut par Jean Dubuffet, on peut affirmer que CBost est une artiste d’art brut expressionniste véritable. 

Au cœur de sa peinture, son expression plastique simplifiée, déformante parfois jusqu’à la violence éperdue, témoigne d’un langage propre, dessins et couleurs, qui ne cherche pas à montrer le monde tel qu’il est mais à l’exprimer.

Expression sans aucun doute capable de réinterpréter la beauté…

Solitaire, CBost poursuit donc sa quête, à l’image du parcours du grand peintre-plasticien Gaston Chaissac et du travail des artistes de la collection « La Neuve Invention » de Lausanne. Capitale collection qui aura eu l’avantage d’institutionnaliser l’Art Brut, trop longtemps ghettoïsé dans l’impasse de « l’art des fous » malgré son évolution depuis les années 80 qui l’ouvrira alors à la véhémence des rebelles.

La collection « Art Brut » des Éditions Flammarion en atteste.                      .                                                                                                                                                                

De très rares paysages paisibles et des natures mortes silencieuses chez CBost

Par contre, qui sont tous ces personnages confrontés à leur condition humaine, à leur monde, parmi lesquels elle s’escamote ? Nous rappellent-ils le passé ? Nous présagent-ils l’avenir ? En fait, CBost ne peint que l’instant, avec la vigueur de son « expressionnisme rageur »,  dont parle Artaud, provoquant et dérangeant de la violence de ses couleurs agressives et de la hache de ses traits noirs.

Face à cet art subjectif, sincère, avec justesse, souriante, humblement, CBost elle-même se surprend: « Je m’étonne toujours de voir de la beauté dans mes tableaux ».

En conclusion, pour  caractériser l’artiste CBost, nous pouvons reprendre les mots de l’incontournable Martine Lusardy, conservatrice du Musée de la Halle Saint-Pierre : « L’art brut est l’art de ceux qui sont restés solitaires, hors des codes de l’art traditionnel, à l’abri du bruit du monde de l’art ; ce sont des artistes de l’autre-culture, celle du Moi, spontané ».

Patrice Rigaud